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Art d'élite ou Populiste ?

Par la grâce d’Apollon, l'Art doit émouvoir. Sans réaction, l'œuvre n'en est pas une. L'Art est ni élitiste, ni populaire. Il doit plaire au public large, et séduire l'œil averti.

 

Depuis l'antiquité, l'art s'adresse au plus grand nombre. Les Grecs, par Catharsis tentaient d'épurer les passions et les Romains payaient un million de sesterces au meilleur acteur annuel (Ils avaient leur propre Will Smith). La Renaissance se tourne vers des représentations picturales du Seigneur Christ, définitivement très à la mode pendant quelques siècles... 

 

La vision contemporaine de l'élitisme remonte au Romantisme. Voulant guider le peuple, et suite à la récupération du pouvoir par Napoléon, les romantiques sont déçus. En réaction, l'Art s'est proclamé trop élevé pour le peuple (qui ne comprend rien). D'autres mouvements, tel que le surréalisme (Principes anarchistes) veulent détruire les règles, et contribuent à cette direction empirique. 

 

Cette idéologie permet aux croûtes récentes de s'autoproclamer "Chef d'œuvre" A ceux qui osent s'opposer, on leurs rétorques : « Tu ne peux pas comprendre, c'est de l'Art » ou encore : « C'est votre manque de culture qui vous empêche de saisir ». Cependant, l'Art doit se ressentir, et non se comprendre, surtout si cela nécessite un socle de connaissance préalable. Pourquoi faudrait-il être un expert des Arts pour parvenir à saisir la vision d'un artiste, via une réflexion élaborée ? Il faut considérer le spectateur comme un homme capable, et non comme un imbécile acculturé face à l’hermétisme. L'Art va à l'Homme, et non l'Homme à l'Art.

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L'élitisme a entraîné un second mouvement, en réaction, plus proche du public. Les premiers dénigrent les seconds, car l'art ne doit pas être populaire pour être populaire (pute-à-clic). En effet, créer une œuvre, dans un but d'enrichissement ou de popularité est à proscrire, car cela signifie un manque de recherche de la part du créateur, qui suit l'application de méthodes sûres, grâce à un canevas déjà établit. Que peut apporter un artiste, si sa démarche est égoïste, qu'il n'a pas travaillé sur son âme ? Ces vampires traversent leurs siècles, sans le détachement nécessaire aux activités du culte.

Il faut rouvrir le dialogue entre le public et l'Artiste d'élite (qui doit faire l'effort de ''s'abaisser'') de prendre sur soi l'ignorance de l'Homme, pour le grandir. Les romantiques furent déçus de leurs échecs, car ils avaient des attentes trop élevées, idéalisées. L'histoire montre qu'ils n'avaient pas la vérité absolue, et se prenaient pour des messies. L'erreur provient d'eux, et non de l'Homme. 

Qu'apporte l'Artiste ? Tarkovski dit : « Il est évident que l'art ne peut rien enseigner, puisqu'en quatre milles ans, l'humanité n'a rien appris du tout.[...] Il est absurde de penser qu'on puisse apprendre à l'homme à être bon. [...]L'art ne peut que nourrir, bouleverser, émouvoir. » A défaut d'une vision humanitaire, le minimum qui puisse être fait pour le public, c'est de le divertir. L'abandonner revient à subir son dédain. La norme, c'est le peuple, et non un rassemblement d'artistes égocentriques prit dans l'égrégore d'une mode. Pour autant, il ne faut pas tourner le dos à l'élitisme en servant de la soupe réchauffée. L'artiste, dans la conception de l'œuvre, doit cacher sa composition et y glisser quelques mystères dans l'ombre : imperceptible chez le public, remarquable par l'œil avertit. Le premier trouvera satisfaction dans la contemplation, le second aimera remarquer les ficelles de la sensation pour en déduire l'oracle. Enfin, l'artiste se verra comblé à la fois de son œuvre, et de l'intérêt critique ruisselant de ses propres recherches.

Baudelaire dans la charogne propose un texte qui est bien écrit, soigné. La forme est maîtrisée. Le fond, bien qu'affreux constitue un paradigme cohérent. Le poète n'utilise pas d'alexandrins, comme pour une poésie classique. La technique pure, longtemps proclamée comme une maîtrise obligatoire est ébranlée. L'artiste, par sa recherche, réussit à produire du "beau", et prouve que l'on n'est pas obligé de s'exprimer en alexandrin pour faire de la poésie. Le Beau touche la forme et non le fond. Toutefois, vouloir dénaturer, et remettre en cause l'alexandrin semble oublier le fondement de cette manière d'écrire. L'alexandrin est une méthode pour produire des vers qui sonnent bien. Cette technique ''pure'' est une méthode de travail qui, de façon presque sûre, permet d'émouvoir. La méthode est critiquée, car difficile d'application, contraignante et déjà vue. C'est en cela que l'artiste doit apporter quelques chose de supplémentaire qui fait sa marque, qui est la preuve de son humanité. Racine écrit dans un alexandrin parfait, tous ses vers sont beaux, mais ne sont pas obligatoirement touchant.

 

Détruire la méthode, pourquoi pas... Mais il faut la remplacer avec mieux ! Si l'artiste n'échoue pas durant des années pour obtenir une nouvelle forme aboutie, il n'aura que des objets inintéressants. Le Beau est à même de procurer des sentiments, car on peut facilement se projeter dans l'œuvre. Une œuvre repoussante se confronte au barrage du public : on ne s'intéresse pas à quelques chose de moche. On n'a pas de rapport empathique à l'œuvre. Persister dans cette voie révèle d'une vision élitiste. Je ne dis pas qu'une œuvre affreuse ne puisse pas toucher, car les goûts sont pléiades, mais qu'une croûte se verra boudée et incomprise par la majorité. De plus, l'artiste sera conforté dans sa vision sociétaire négative, et risque de persévérer dans cette voie, par bravade et réactances. La perte de la forme possède un second tranchant : si n'importe qui peut construire un objet artistique sans technique, l'homme banal devient artiste, et l'artiste perd sa place. Si vous vivez tous les jours pour votre Art, vous devez maintenir des qualités inatteignables par un "artiste du dimanche."

 

Suite à la vision d'une exposition sur de l'art contempourien, j'entre dans une classe d'école. Vous comprendrez ma stupeur en constatant que les œuvres enfantines dépassaient en techniques, l'artiste vue précédemment ! L'adulte est payé, et défend son œuvre de mots. Souvent, la médiocrité se cache derrière un petit papier donné à l'entrée de l'exposition, où les intentions sont précisées, à travers une écriture pendante, illuminée. Ma sensation, c'est de voir l'Argent public détourné, défiscalisé, grâce à de la création bidon justifié par un texte amphigourique. Sauf que le vocabulaire ne me fais pas peur, et que je vois souvent le néant à travers les lignes... Une œuvre doit s'expliquer d'elle-même.

Lorsqu'on vois les barbouillages de Jackson Pollock, et de son dripping, êtes vous honnêtement transporté de joie, de pleurs, de compassions...? Pire encore, Marcel Duchamp avec sa fontaine joue sur les mots et se gausse de la provocation. Si l'artiste se croit certain de produire un travail, d'avoir révolutionné les concepts de l'art, il ne doit pas oublier le public. Un concept n'est pas un fond, mais une forme. La forme ne peut pas se justifier du concept. L'œuvre part d'une norme, qui est le monde réel et non un quelconque mouvement. Faite vous cubistes, peut être parviendrez vous à produire quelques chose de touchant. C'est une voie difficile que de réinventer une manière de s'exprimer de façon compréhensible et universelle. Cela prend beaucoup de temps. Plus un mouvement sera détaché du monde "normal", moins il y aura d'émotions. Néanmoins, la démarche est intéressante, et l'enjeu univoquement stimulante : inventer un langage universel, inné. Une telle découverte se fait par tâtonnements. Aussi, le premiers réflexe est de maîtriser la technique pour produire, puis mener des expériences en parallèle pour découvrir de nouveaux outils. Il faut apprendre à désapprendre. En partant de son propre style, et en restant équilibré, il faut se dégrossir jusqu'à obtenir un objet univoque. L'artiste doit en permanence se révolutionner, faire des choix et surtout ne pas stagner dans une même position, une même démarche. Il devra en permanence rechercher un avis extérieur, et non inhérent au mouvement dont il appartient : un ''inculte'' serait le mieux. De toute manière, en une d'Artiste, on ne se souvient au mieux, à travers les siècles, que d'une œuvre... Donc, pas de pression pour la postérité.

 

Conclusion : l'Artiste, à travers ses recherches, peut remettre en cause des normes passées en inventant un langage universel. Il ne doit pas perdre l'objectif premier, qui est d'émouvoir, faire réagir. Avoir une technique pure est un moyen efficace de ne pas s'éloigner des canons, et de recevoir la sympathie du spectateur. Un véritable équilibre entre le fond et la forme donne le génie artistique.

Dorian Clair | 2012

La logique épigone

Tu aimes ce que tu connais :

Danser sur un rythme habituel,

Discuter de sujets collectifs,

Répondre au rituel d'un culte, d'une trend.

Rester dans la zone de confort.

 

L'epigone répond à ces attentes.

Il fournit la musique en boucle de ta radio,

Écrit des articles déjà traités,

Répète les mathématiques dans un amphithéâtre.

Psalmodie la même philosophie.

 

Le bas blesse en termes d'originalité, car il semble plus glorieux d'être la source de l'invention. Toutefois, le neuf est rarement accepté, car cela demande des efforts de la part du public, qui doit s'intéresser, comprendre. Puis l'idée doit convaincre et impacter. L'obstacle majeur se situe dans la diffusion et la propagation. La réussite, c'est lorsque des initiés peuvent échanger autour du sujet. Alors, rarement, l'inventeur est couvert d'or.

 

Les adeptes sont toujours proportionnels à la simplicité et l'accessibilité : une thèse ne fonctionnera jamais autant qu'une chanson d'amour. Quand bien même l'impact d'Einstein est infiniment plus grand que celui de Coluche… Certains connaissent toutes ses répliques par cœur, tandis que E=MC² se murmure avec désarroi… 

 

Il est naturellement plus simple de contrefaire un spectacle, que de suer une découverte. Vous y gagnerez de l'argent plus facilement, et vous ne craignez pas l'échec, puisque le public est en terrain connu. Il accepte d'investir dans une valeur sûre. Vous même, irez plus volontiers voir un Molière, que la pièce d'un auteur sans nom, quand bien même son talent serait d'une même facture.

 

Si la primeur n'est pas le fort des épigones, il y a une grande exigence technique à respecter, car la reproduction doit être irréprochable, reconnaissable, voire améliorée. Cela nécessite du travail : ce qui est honorable, sans être génial. Il faut bien gagner sa croûte… Répondez à la commande sans honte, mais n'oubliez pas de cultiver votre propre jardin. 

Dorian Clair

2022-09-11

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